Alfred de Musset "La Nuit d'Août" - "Après avoir souffert, il faut souffrir encore; Il faut aimer sans cesse, après avoir aimé."
Publié le 1 Novembre 2011
La nature devient l'une des sources principales du lyrisme
pour les poètes romantiques. À la suite de Rousseau et de
Chateaubriand ils associent leurs émotions et leurs joies
ou leurs souffrances à la contemplation de l'univers:
chanter la nature correspond à une méditation sur l'homme.
Quelles que soient leurs convictions religieuses presque
tous les poètes lui confèrent un rôle mystique.
Pour Alphonse de Lamartine la nature représente l'oeuvre
de Dieu et elle est sa confidente.
Chez Vigny elle est son refuge, mais elle n'est ni une amie
ni une mère (Leopardi) et son indifférence nous apprend la
dignité stoïque face au malheur "sans jeter un cri" comme
dans La mort du loup.
Pour Alfred de Musset la nature nous apprend à oublier la
souffrance:
"Après avoir souffert, il faut souffrir encore
Il faut aimer sans cesse, après avoir aimé"(La Nuit d'Août)
À la différence de Chateaubriand elle s'identifie avec la Divinité
dans une conception panthéiste qui assume la souffrance
et l'intègre dans une vision optimiste de l'existence:
caractéristique typiquement romantique du bonheur.
LE POÈTE
Puisque l'oiseau des bois voltige et chante encore
Sur la branche où ses oeufs sont brisés dans le nid ;
Puisque la fleur des champs entr'ouverte à l'aurore,
Voyant sur la pelouse une autre fleur éclore,
S'incline sans murmure et tombe avec la nuit,
Puisqu'au fond des forêts, sous les toits de verdure,
On entend le bois mort craquer dans le sentier,
Et puisqu'en traversant l'immortelle nature,
L'homme n'a su trouver de science qui dure,
Que de marcher toujours et toujours oublier ;
Puisque, jusqu'aux rochers tout se change en poussière ;
Puisque tout meurt ce soir pour revivre demain ;
Puisque c'est un engrais que le meurtre et la guerre ;
Puisque sur une tombe on voit sortir de terre
Le brin d'herbe sacré qui nous donne le pain ;
Ô Muse ! que m'importe ou la mort ou la vie ?
J'aime, et je veux pâlir ; j'aime et je veux souffrir ;
J'aime, et pour un baiser je donne mon génie ;
J'aime, et je veux sentir sur ma joue amaigrie
Ruisseler une source impossible à tarir.
J'aime, et je veux chanter la joie et la paresse,
Ma folle expérience et mes soucis d'un jour,
Et je veux raconter et répéter sans cesse
Qu'après avoir juré de vivre sans maîtresse,
J'ai fait serment de vivre et de mourir d'amour.
Dépouille devant tous l'orgueil qui te dévore,
Coeur gonflé d'amertume et qui t'es cru fermé.
Aime, et tu renaîtras ; fais-toi fleur pour éclore.
Après avoir souffert, il faut souffrir encore ;
Il faut aimer sans cesse, après avoir aimé.
http://www.musset-immortel.com/
http://www.bacdefrancais.net/biomusset.htm
http://www.histoire-en-ligne.com/spip.php?article252
George Sand e Alfred de Musset