De "La Scala" de Milan à Baudelaire "Hier on m'a mené au théâtre" Les vocations (Le Spleen de Paris)
Publié le 5 Mai 2014
Aujourd'hui, on nous a menés au théâtre...
Quel bonheur que de respirer le parfum d'opéra et de musique
en songeant à Stendhal et à la loge de la comtesse Pietranera,
qui "arrivée à Milan... se prit de passion pour l'Opéra à la mode" et
"allait s'enfermer toute seule,durant de longues heures,
à la Scala"
C'était pour une invitation scolaire avec la V D
au programme
Maurice Ravel
avec le
"Quartetto d'Archi della Scala Trio Johannes"
et tout d'un coup le souvenir est apparu...
"Hier on m'a mené au théâtre. Dans des palais grands et tristes, au fond desquels on voit la mer et le ciel, des hommes et des femmes, sérieux et tristes aussi, mais bien plus beaux et bien mieux habillés que ceux que nous voyons partout, parlent avec une voix chantante. Ils se menacent, ils supplient, ils se désolent, et ils appuient souvent leur main sur un poignard enfoncé dans leur ceinture. Ah! c'est bien beau! Les femmes sont bien plus belles et bien plus grandes que celles qui viennent nous voir à la maison, et, quoique avec leurs grands yeux creux et leurs joues enflammées elles aient l'air terrible, on ne peut pas s'empêcher de les aimer. On a peur, on a envie de pleurer, et cependant l'on est content... Et puis, ce qui est plus singulier, cela donne envie d'être habillé de même, de dire et de faire les mêmes choses, et de parler avec la même voix..."
Charles Baudelaire Les vocations Le Spleen de Paris